samedi 27 septembre 2014

Concert de Malicorne au Trianon (20/09/2014)

Une fois n'est pas coutume, même si ce blog devait d'abord être orienté vers l'humour, je me permets de poster un (long) compte-rendu du concert d'un de mes groupes favoris, j'ai nommé Malicorne, des icônes de la musique folk, qui illuminent les salles par leurs musiques et leurs rythmes que l'on croyait oubliés... Ce sont des artistes (chanteurs et musiciens) de talent, et je les écoute depuis fort longtemps, d'où ma joie de les voir enfin sur scène.

Nous sommes descendus du métro à la station d'Anvers, déjà surexcités... Enthousiasme qui a été un tant soit peu douché par la pluie battante qui nous attendait dehors. Nous avons assez rapidement trouvé l'entrée du Trianon... mais il a fallu se mettre au bout de la queue car le nombre de personnes qui attendaient était déjà trèèès conséquent ! Nous nous mettions à l'abri tantôt sous nos parapluies, tantôt sous les échoppes des commerçants.
Pour patienter un peu, nous avons chantonné quelques chansons du répertoire de Malicorne. Mal, cela va de soi (enfin, dans mon cas), mais on va dire que l'intention y était.
Éléonore, qui est une amie « virtuelle » de longue date de ma Lau', nous a rejoints au milieu de la file. Après les présentations, les filles ont profité de l'attente pour papoter un peu...
Enfin, une fois les portes ouvertes, la file a commencé à avancer, nous sommes enfin rentrés nous mettre au sec. Le Trianon est une très belle salle, élégante et conçue dans la plus pure tradition du music-hall, l'ambiance qui y règne me plaît beaucoup... Il y avait déjà énormément de monde à notre arrivée, nous avons trouvé des places assez éloignées de la scène. Mais peu importait, on voyait bien, c'était l'essentiel.
Après une attente qui nous semblait interminable, nous avons eu la surprise et le plaisir de profiter d'une première partie présentée par l'un des membres fondateurs du groupe, Laurent Vercambre, échappé de son Quatuor avec sa nyckelharpa, qui nous a interprété des classiques de Malicorne tels que la Danse des damnés et la Gavotte (qui a considérablement « réveillé » le public), mais aussi des compositions faites de ses mains, et des morceaux suédois, puisque c'est le pays de cet étonnant instrument à archet qui ressemble à un croisement entre une viole de gambe et une vielle à roue... Il entrecoupait également ces morceaux par des reels irlandais. Ambiance garantie ! Comme son devoir au sein de son propre groupe l'appelait, Laurent est sorti sous les applaudissements nourris d'un public maintenant bien préparé et impatient de voir son groupe de folk préféré.
Après une petite pause au cours de laquelle Lau' et moi-même avons pu nous rincer le gosier au bar du Trianon, les lumières sont tombées à nouveau, et un concert de vivats, auquel nous nous sommes jointes avec joie, a accueilli l'arrivée sur scène de David Pouradier-Duteil, Yannick Hardouin, Nicolas Mingot, Gilles Chabenat, Romain Personnat, Marie Sauvet et Gabriel Yacoub.
Gabriel, tout souriant derrière ses Ray-Ban, a commencé à nous exprimer leur joie à tous d'être là, d'autant plus que, disait-il, cela faisait très plaisir de voir des jeunes nés après l'ère des années 70-80 sensibles au mélodies et aux chants populaires qui ont traversé le temps jusqu'à nos jours... et, fidèle à son habitude, il n'a pu s'empêcher de chambrer un peu en sous-entendant que ce n'était pas étonnant que Malicorne ait été programmé au cours des Journées européennes du patrimoine.
Ils ont commencé avec quelques grands classiques du groupe comme la Complainte du coureur de bois, Voici la Saint-Jean, the Lyke-Wake Dirge, ce superbe chant en haut anglais qu'ils ont interprété a cappella et à trois voix, la Conduite (le départ était un peu farfouillou, mais ils se sont rattrapés avec une fluidité impressionnante), pour ne citer que ceux-ci...
Mon grand bonheur, je crois, ça a été de constater que le public était, de toute évidence, au moins « initié » à la magie de Malicorne (mise à part notre voisine du devant... breeef) et reprenait doucement, en chœur (et encouragé par Gabriel), Comprenez-vous et l'Écolier assassin, ou retenait son souffle dans une atmosphère presque religieuse lorsque Marie chantait Le Luneux. Comme je m'y attendais, cela a été un grand moment d'émotion, et j'avoue avoir fini la chanson avec les larmes aux yeux...
Des cadences soutenues de Bacchu Ber aux polyphonies de Marions les roses en passant par une séquence instrumentale brillamment menée par Gilles, Nicolas, Yannick et David, le groupe a également interprété Beauté, Twelfth song of the thunder, Soleillet de l'air en l'air, autant de compositions imaginées par Gabriel au cours de sa prolifique carrière solo, puis a « terminé » avec le classique, la genèse, la chanson qui avait provoqué chez les membres de Malicorne leur passion pour cette musique : Pierre de Grenoble. Cette chanson, déjà magnifique et parfaitement interprétée, m'a de nouveau déclenché quelques larmichettes (que celui qui vient de dire que je suis hypersensible se dénonce, médisant qu'il est).
Pierre de Grenoble étant automatiquement suivi par Schiarazzula marazzula, les spectateurs se sont progressivement levés en rythmant cette danse italienne de leurs battements de mains, puis acclamant bruyamment les artistes à la fin du morceau, réclamant d'autres perles musicales... qui n'ont pas tardé à venir : Malicorne a presque aussitôt enchaîné a cappella avec Margot en rappel, puis la Danse bulgare et le Loup, le renard et la belette au cours duquel Marie est descendue de scène et a transformé le Trianon en salle de bal, entraînant dans une farandole endiablée tous les spectateurs volontaires, tandis que les autres continuaient à taper dans leurs mains, toujours debout, transportés, emportés même...
Loin, là-bas, dans le public, je planais en plein rêve, n'osant croire à cette magie qui émanait de ce groupe et de ses sons, emballée par leur musique...
Même en sachant que l'after allait venir après, j'ai ressenti une pointe de déception en me rendant compte que ce moment de grâce et de « communion » entre le groupe et son public était déjà terminé... J'avais les mains douloureuses à force d'applaudir, mais je continuais malgré tout, consciente que Malicorne méritait une formidable ovation.
J'ai tout aimé, absolument tout : la set-list choisie, naturellement, mais que dire des interprètes ? Ils nous ont tous ravis par leurs performances, avec un trio David-Nicolas-Yannick qui tenaient leurs places et ont également montré leurs capacités vocales dans les chants à six ; un Romain appliqué sur son diato, donnant des accents vibrants aux mélodies par sa voix harmonieuse ; un Gilles tout fringant et très inspiré sur sa vielle (ces impros, grands dieux, mais ces impros... et on voyait son bonheur de jouer) ; une Marie pleine de joie et de vivacité communicatives, tant pour les chants que pour les danses et le jeu des instruments ; et bien sûr, un Gabriel égal à lui-même, il ne s'est jamais départi de son caractère enjoué, et il reste toujours touchant, toujours plein de sensibilité, toujours doté de cette voix sublime, limpide, qui avait bercé ma prime jeunesse... Des artistes. Des vrais.
J'avais les jambes prises d'un irrépressible besoin de bouger, la tête en ébullition, les mains brûlantes à force d'applaudir...
Après ce moment mémorable, Gabriel a donné rendez-vous à tout le monde au bar, puis les membres de Malicorne nous ont salués, et sont sortis avec des signes de la main, sous un tonnerre d'acclamations tant mérité... et nous sommes sortis aussi, flottant sur notre nuage...
Notre premier acte a été de nous diriger en direction de la table dressée dans un coin de la pièce, chargée de produits dérivés... et j'ai craqué : je n'ai pas pu m'empêcher de m'offrir un tee-shirt. Je n'ai pas été la seule, d'ailleurs... et ce n'était pas chose facile, car le coin était noir de monde ! Nous nous sommes ensuite frayé un chemin au milieu des spectateurs, non sans peine, en attendant la sortie des artistes. Ceux-ci n'ont pas été très longs : très intimidée, j'ai suivi les popains pour aborder les membres du groupe, à commencer par Marie, à qui je n'avais encore jamais parlé, et qui m'a gentiment saluée et fait la bise, voyant que je faisais partie de la « bande ». Comme d'habitude quand je suis confrontée à l'une de ces personnes que j'admire et respecte, j'ai seulement réussi à bafouiller une phrase (sans doute un truc débile, je me souviens plus). Idem quand nous nous sommes approchés de Romain, qui m'a reconnue (pour m'avoir croisée trois mois auparavant au festival du Son Continu, physionomiste qu'il est...) quand je suis venue à la suite de Lau' pour lui faire la bise, j'ai à peine réussi à lui dire combien j'avais aimé sa prestation. Fichue timidité... Mais c'est pas croyable c'que cet homme est gentil, souriant et modeste !
Le « patron » Gabriel étant sollicité de tous les côtés, nous avons décidé d'attendre en buvant une bonne bière, histoire de se rafraîchir, car mine de rien, il faisait une chaleur d'enfer... mais c'était compter sans mon impatience crasse : après avoir sifflé ma bibine comme une assoiffée, j'ai repéré Gilles, accoudé au comptoir ; laissant Lau' papoter avec Cyril et Éléonore, je me suis timidement approchée de lui en espérant pouvoir le féliciter pour ses talents de musicien, même si, à l'évidence, je n'étais pas du tout à l'aise. Il a bien vu que je voulais lui parler, et m'a reconnue aussi quand j'ai évoqué l'épisode de la MJC de Montluçon ('tain, c'était il y avait six mois quand même) ; je lui ai dit une fois de plus combien j'étais impressionnée par ses prouesses et sa maîtrise de la vielle, ajoutant qu'essayer celle de Solly m'avait encore plus motivée à en faire. Très aimable et humble comme à son habitude, il m'a aussitôt répondu que tout ceci n'était dû qu'à son travail, et il m'a également encouragée à m'y lancer aussi. Il m'a confirmé que certains passages étaient de l'impro totale, comme je le pressentais... Comme il était demandé, je l'ai laissé se détourner. (Petit moment de satisfaction perso : non seulement j'ai réussi à parler, mais en plus, j'y suis allée seule, et sans trop bégayer. Yes.)
J'ai rejoint la bande histoire de papoter encore un peu, encore et toujours surexcitée (ouais, y'a des moments où je suis une vraie pelote de nerfs), et puis j'ai comme qui dirait légèrement bugué en réalisant que Gabriel était revenu et qu'il était non loin de nous ; nous sommes donc allés le voir ensemble, après présentation, il m'a lui aussi reconnue (et m'aurait sans doute fait un câlin comme à Montluçon s'il n'avait pas eu son verre dans la main...). J'ai encore une fois peiné à m'exprimer sur ce que la performance que je venais de voir sur scène m'inspirait, sur l'instant de magie que cela avait été pour moi... mais j'ai tout de même réussi à dire combien j'étais ravie d'avoir enfin vu le groupe au complet sur scène. Comme un rêve, logé dans ma tête depuis toute petite, qui se serait réalisé. Gabriel étant sollicité lui aussi, nous l'avons laissé aller après avoir échangé quelques mots avec lui – d'aucuns me diraient que ce n'est pas grand-chose, mais ce sont ces petits moments les plus précieux, ces brèves paroles qui s'avèrent importantes à nos yeux, ces instants de notre vie qui nous marquent et se gravent durablement dans nos souvenirs.

Que dire, si ce n'est que je les adore encore plus qu'avant (oui oui, c'est possible) et que je n'ai qu'une hâte, celle de les revoir... ? Leur musique, leur présence sur scène et leur gentillesse m'ont ravie. Ve les aime !

vendredi 30 septembre 2011

ONDAR : 2 - Encore 5 suicides chez France Télécom

Pour son deuxième passage dans On n'demande qu'à en rire, Jérémy Ferrari à dû traiter un nouveau thème épineux : les suicides des salariés chez France Télécom...
Même si le sujet semblait être du "pain-bénit" pour ce pro de l'humour noir et du cynisme, il était également truffé de pièges, notamment celui de tomber dans la facilité... piège qu'il a évité avec brio. Il s'est mis pour l'occasion dans la peau d'un coach en suicide très professionnel, qui fait faire à ses clients un mois et demi d'entraînement de plongeons en piscine afin qu'ils soient au top pour sauter des fenêtres des bureaux...
Attaquant le problème avec un texte écrit à l'acide, cinglant sans aucune pitié, Jérémy a su traiter avec une belle finesse et beaucoup de dérision ce sujet qui prêterait normalement à pleurer. Il enchaîne les vannes féroces et hilarantes, les répliques font mouche, et c'est le fou rire assuré !
Depuis Bernard qui rate "bêtement" son saut en heurtant un lampadaire et la voiture du PDG à Thierry qui fait preuve d'un scandaleux manque de délicatesse en sautant avec un tee-shirt SFR, en passant par Catherine qui manque cruellement de logique au point qu'elle veut s'inscrire pour le saut deux jours de suite, Jérémy sait nous surprendre et rattraper les choses, multipliant les vacheries tordantes et les atrocités jouissives... Il termine avec une superbe chute dans laquelle il apprend avec une émotion sans mélange que son fils vient d'essayer de suivre les traces glorieuses (?) de son père...
Comme il l'a dit dans son sketch, phrase reprise ensuite par Laurent Ruquier : pour traiter ce thème avec cette légèreté... "Ça, c'est couillu !"
Les répliques cultes sont à nouveau nombreuses, mais je garderais bien celle-là : "Heureusement qu'il est mort, il aurait été déçu".


http://www.youtube.com/watch?v=B0CrrLgv-t0

mercredi 28 septembre 2011

ONDAR : 1 - Interdite de crémation pour cause d'obésité

Jérémy Ferrari faisait là son premier passage dans On n'demande qu'à en rire, l'émission de Laurent Ruquier, avec un sujet très délicat : une femme pesant 140 kilos a été refusée à la crémation et il devait en faire un sketch...
Dès le début, l'humoriste cerne efficacement le sujet sans concession et sans craindre de choquer. Usant avec habileté de son humour noir et de son sens aigu de la provocation, il aborde des thèmes épineux comme le halal, les suicides des employés chez France Télécom, et même... la Shoah, d'autant plus qu'il ne manque pas de nommer le personnage (imaginaire) en face de lui "Madame Cohen" !
Selon moi, le "point culminant" du sketch reste le moment où il propose de faire incinérer la mère de sa cliente en plusieurs fois : les jambes un jour, les bras le jour d'après, la tête et le buste à la fin... C'est du véritable humour noir, car ça reste fin et ça ne tombe jamais dans le gore.
Alors qu'il était encore un nouvel arrivant, Jérémy Ferrari a su se démarquer dans l'émission, testant un nouveau style et un humour dénonciateur, repoussant les limites toujours plus loin, titillant la conscience du spectateur, imposant déjà son talent d'auteur et d'acteur ainsi que son charisme. Dans un premier temps, en réaction à ses vannes, on peut se dire : "Ah mais c'est ignoble !", et si l'on a la bonne foi de prendre du recul et l'humour au deuxième degré, ce sont de grands éclats de rire assurés !


Nombre de répliques restent cultes dans ma tête, mais si l'on me demandait d'en choisir une, je garderais sûrement celle-ci : "Renseignez-vous, mais je ne crois pas que les musulmans considèrent que votre mère soit halal, Madame..."
Un excellent sketch, qui en annonçait déjà d'autres tout aussi bons.


http://www.youtube.com/watch?v=Q-z-fKsbOUo&feature=player_embedded